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Le Coup d'Etat simplifié
C'est l'histoire d'une haute trahison que nous raconte Nicolas Dupont-Aignan : celle du traité simplifié européen que Nicolas Sarkozy, le président de la République française, s'apprête à faire approuver au Parlement durant l'hiver 2008. Non content d'avoir repris et même enrichi le contenu de la Constitution européenne pourtant rejetée par les Français à une majorité écrasante lors du référendum de 2005, parce qu'elle prive l'Etat français d'une trop grande part de liberté, il va jusqu'à habiller son forfait de pseudo-légalité en s'en remettant au vote parlementaire. En réalité, il s'agit d'une manière de coup d'Etat déguisé qui neutralise le bon fonctionnement de la démocratie afin de ne plus prendre aucun risque avec le non et mieux faire triompher dans l'ombre la souveraineté de l'Europe, quitte à torpiller celle de l'Etat-nation français. Que ce coup passe largement inaperçu ne doit rien au hasard. Le peuple ne saurait pas ce qu'il dit, le non serait l'apanage des xénophobes, des gagne-petits et des indigents de la pensée à en croire les médias et les politiques. Cet hallali sonné par la classe des notables et des élites a trouvé son expression la plus stupéfiante au moment de la campagne présidentielle, avec une candidate PS, Ségolène Royal qui se montra bien frileuse pour défendre plus d'Europe sociale et un adversaire Nicolas Sarkozy, champion du double langage et des marchandages invisibles. Le peuple, qui ne sait pas ce qu'il dit, n'aura bientôt plus rien à dire puisque c'est bien la supranationalité la plus radicale qui triomphe dans les articles du traité simplifié de Lisbonne, grâce à l'extension de la majorité qualifiée, l'élargissement des domaines de compétence exclusive de l'Union européenne et l'absence d'aspect contraignant des maigres contre-pouvoirs accordés aux nationaux. Plus cynique encore est l'argument spécieux qui consiste à désigner le mini-traité simplifié comme de pure forme, simple outil destiné à favoriser le meilleur fonctionnement des institutions européennes. Mais de qui se moque-t-on ? Et Nicolas Dupont-Aignan de faire surgir le visage du monstre des couches de brouillard où le dissimulent ses sages-femmes et autres sorcières : c'est bien le tombeau de la France démocratique, héritière des valeurs démocratiques de 1789, qui se couche, vaincue d'avance comme en 1940, face à l'hégémonie de l'Allemagne pour qui l'Europe semble avoir été dessinée jusque dans sa forme fédérale, et qui bénéficie au premier chef de ses richesses économiques. Les Français étaient-ils vraiment ce peuple rétrograde dont se moquaient les bien-pensants et les européistes ultra ? Ou ont-ils eu, au contraire, ce regard de la vigie qui effraie tant les comploteurs du haut de leur suffisance prétorienne ? Car l'entente des chefs d'Etat européens trahit bien un nouveau despotisme prétendument éclairé… L'Europe d'aujourd'hui qui avance à marche forcée au lieu de se bâtir dans la confiance et dans l'équilibre, l'Europe qui a perdu de son âme à force de ne plus être qu'une branche dérivée de l'économie américaine, cette Europe est en train de renouer avec «l'Europe réactionnaire de la Sainte-Alliance, celle qui en 1815 avait veillé à la restauration des Bourbon sur le trône de France et avait scellé des accords d'aide militaire mutuelle entre pays membres pour réprimer toute insurrection libérale et démocratique. La solidarité des Trônes était alors fermement établie, les « honnêtes gens » pouvaient dormir sur leurs deux oreilles. » Catégorie(s) > Librairie > Politique, Economie & Ecologie > Politique
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